Journal d'une rédemption

05 Alixxe, ma Soeur

Bribes de vie - 11 - Nouveau départ

Mar 14 Déc 2010
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Hurlevent. Un nouveau monde. Les gens, les bruits, les odeurs... Pas l'habitude, la tête me tourne. Je marche à travers les rues. On se retourne. On me crache dessus. On m'évite. On me montre du doigt. J'ignore. Tout. 

Le Donjon. Je raconte, je signe, je prête serment. Je vois les regard, désapprobateurs, curieux, moqueurs, jamais en face. On me demande mon arme. Je n'en ai pas. On ne donne de l'argent, un peu. Un sac. On me répète les consignes, ma place, une adresse de caserne pour dormir les premiers temps. Un chien de l'Alliance, pas de respect. Pas de ceux là.

L'argent. Juste de quoi me payer le voyage pour l'autre continent. Ma soeur, je veux savoir. Une idée fixe, qui me maintient. Qui me force à tenir. Qui m'oblige à ne pas laisser cours à mes pulsions. 

Pulsions bridée... noyées sous les flots de drogues; les "calmants" du docteur. Drogue physique, pour maintenir mon corps en état. Drogue psychique, pour maintenir mon esprit sous contrôle. Etrange magie, ou alchimie, qui contient mon énergie vitale sous scellés, comme bloquée. Je ne ferai de mal à personne. Ca me convient.

L'Exodar. J'invente un nom, je cache mon visage. Mes mains tremblent et me trahissent. Faible. J'interroge, je remonte la piste. Mon peuple ne me pose pas de questions. Ils devinent. Se taisent. Eux me respectent. Enfin je trouve. Les chamans, eux savent.

Elle est là, devant moi. Je la regarde de loin, sans me montrer. Ils racontent. Son arrivée, l'inconscience qui dure des jours. Le réveil, et le vide... Elle ne sait plus qui elle est, qui je suis, où nous sommes, ni pourquoi. Plus rien. Il ne reste que l'apparence de ma soeur, coquille vide, où les souvenirs n'existent plus. Ou peut être juste cachés, bloqués, enfouis. Peut être... Les chamans n'ont rien pu faire, ils ont tout tentés. Toutes leurs connaissances. Mais il y en avait d'autres à s'occuper... Ils l'ont gardés avec eux, elle aide, elle soigne un peu. 

Quelque chose reste d'elle, elle joue toujours avec le feu. Littéralement. Il y a encore un espoir, mais il me faudra de l'argent. Beaucoup d'argent. Je veux qu'elle revive.

Alixxe

 

Bribes de vie - 12 - Survie

Dim 19 Déc 2010

La mort. J'aspire à la retrouver, à me laisser aller aux ténèbres, pour de bon cette fois-ci. Mais je ne peux pas. Pas encore. Quelque chose en ce monde me retient, quelque chose qui a besoin d'aide, besoin de moi. Peut être que, si j'arrive à la sauver, j'aurai accompli un premier pas vers le pardon. Si il m'est permis de demander le pardon pour mes actes...


Il me faudra beaucoup d'argent, oui. Énormément. Ce monde ne fonctionne que pour et par l'argent, partout, pour tout. Et ramener Alixxe à Hurlevent est au delà de mes moyens. Pourtant il faut que je trouve ces moyens. Mais comment? Que puis je encore faire dans mon état? Je puis à peine tenir debout sans les drogues, me battre m'est interdit, et qui voudra employer un monstre tel que celui que je suis devenu? Personne. J'en suis consciente. Je ne suis ici, libre, que par la volonté du Roi, mais le peuple ne veux pas de ma présence. A moins que...

Ce corps de femme dont je m'occupais si attentivement, que je maintenais si parfait pour mon bon plaisir et celui des mâles à qui je permettait de partager ma couche, ce corps désormais malmené, brisé, couvert de cicatrices, marqué par les runes gravées à même la chair, ultime témoignage de ma déchéance, ce corps qui me dégoûte peut encore me servir. Oui, j'ai vu les regards, vos regards, ceux des hommes et de tous les mâles de ce monde, si semblables depuis que la nuit des temps; ce mélange de dégoût, de haine... et d'envie. L'envie de l'interdit, de l'intouchable. L'envie du danger et de la mort. Je suis devenue par la grâce de votre ennemi, le mélange de tous les fantasmes des hommes. A la fois femme au corps parfait, aux courbes gracieuses, et monstre annonciateur de mort certaine. Combien.. Combien payeraient pour assouvir un tel fantasme... 

Le soir, dans les rues, les tavernes, j'ai approché certains officiers, quelques hommes bien placés. J'ai forcé le passage pour leur parler. Ils ne m'ont pas rejetée, ils m'ont écoutés. Je ne veux pas des soldats, de la base, des bouseux. Eux ne sont pas intéressants. Je vise haut. C'est là qu'est l'intérêt. J'ai eu leur écoute et j'ai lu dans leurs yeux le tiraillement entre leur désir et leur morale. Mais la morale est faible. J'ai atteint mon premier but. 

Vous seriez étonnés de savoir qui sont les hommes qui ont fini sur ma liste de contacts. Si vous saviez... Mais si ils me payaient si cher, c'est bien pour que personne ne sache, jamais. Pour une heure, une nuit, ou plus... Je leur tenais compagnie. Parfois ils voulaient juste parler, partager leurs traumatismes du front avec quelqu'un qui les comprendraient; parfois ils ne disaient rien et s'oubliaient avec moi, oubliaient leur vie étriquée, leur femme, leur mort prochaine au combat... Il m'était facile d'être indifférente à tout ça. Aucune émotion, aucun plaisir, aucune douleur. Rien. Le néant. Je souriais, je compatissais, je m'allongeais, à chacun je donnais ce qu'il voulais. Puis je partais, parfois accompagnée par quelque garde ou majordome, avec une enveloppe ou un cadeau sous le bras. Ca n'a jamais changé... L'homme est faible devant la chair.

Oui, ce monde ne tournait vraiment qu'autour de l'argent et j'allais grâce à lui trouver un moyen de sortir de l'impasse...

Chambre

 

Bribes de vie - 13 - Espoir

Mer 22 Déc 2010

C'était une idée fixe, une véritable obsession, la seule raison qui me forçait à tenir jour après jour, à survivre malgré tout; ou plutôt à accepter mon sort une journée de plus. Elle. Rien d'autre ne comptait. Comme si sa vie était liée à la mienne, et que tout espoir de rédemption passait par sa guérison et sa renaissance, j'étais prête à tout. Presque tout.

Il m'aura fallu plusieurs mois pour me faire un nom et une réputation dans cette cité, puis pour gagner assez d'argent et préparer le terrain, mais enfin, un soir, elle débarqua d'une nef elfique apprêtée pour l'occasion. J'avais engagé des gens sûrs - comprenez cher payé, pour l'escorter depuis les ruines de l'Exodar et bientôt, elle fût prise en charge par les meilleurs scientifiques de toute l'Alliance, dans un bâtiment servant de clinique, non loin de la cathédrale. J'y avais investi toutes mes économies du moment, mais aussi tous mes espoirs.


Je suis arrivée dans une grande ville, énorme, que je ne connaissais pas. Il y avait des humains partout, jamais je n'en avais vu autant. Je ne voulais pas vraiment y venir, mais ils m'ont expliqué que quelqu'un s'occupait de moi et voulait me voir, et que ce serait un long voyage intéressant et c'est vrai, je me suis amusée sur le bateau. Mais plus maintenant, plus dans cette ville toute de pierre et de gens graves. 
Ils m'ont montré une chambre, dans une maison de la cité, en me disant que maintenant, c'était mon nouveau chez moi. Mais je ne peux pas sortir sans demander, et jamais toute seule. Et puis il y a les questions, les examens, ils viennent tout le temps m'ennuyer avec tout ça. Ils ont essayé de me dire que c'était pour m'aider. Mais m'aider pourquoi..? Je vais bien, moi...


J'ai donné des consignes strictes. Je ne peut pas permettre qu'il lui arrive quoique ce soit d'imprévu. De plus, il faudra que je soit prudente, il est hors de question qu'elle puisse me voir en ville, me reconnaître. Ils m'ont avertie là dessus, tous. Autant les chamans que les scientifiques ont le même avis.
« Oui, bien sûr, un choc violent pourrait lui faire revenir la mémoire. Un choc... comme celui de revoir une personne disparue. » Ils ne sont pas stupide, malgré le peu de détail que je leur ai donné. Ils savent ce qu'il en est, et m'en parlent à mots couverts. « Mais... » J'ai horreur de ce mot, annonciateur de nouvelles désagréables. « Mais, ça pourrait aussi aggraver son état, irrémédiablement, elle pourrait ne jamais s'en relever. » Et je ne peux, ne veux, prendre ce risque, il n'en est pas question. Jamais.

Elle a fugué. Encore. Elle a fait fondre la serrure de sa chambre deux fois, la troisième fois elle s'est échappée lorsqu'on lui amenait son repas. Jamais elle n'a aimé rester bloquée quelque part, et elle est loin d'être bête... Je la reconnaît bien là. Mais ils m'ont bien fait comprendre que je devais lui laisser son indépendance; de toute manière, ils ne peuvent rien faire de plus. J'ai dû m'y résoudre à contre coeur, mais je savais que cela arriverait. J'aurai voulu garder son contrôle, mais la raison m'impose de lui laisser sa liberté. Il semblerait bien que tout l'or du monde soit incapable de m'aider, cette fois-ci. Néanmoins, pour l’occasion, je lui ai fait parvenir un cadeau qui, j'espère, la fera se sentir moins seule. Un cadeau très personnel...


J'ai déménagé, et cette fois j'ai ma propre vraie chambre, avec une clé juste à moi! C'est bien plus joli, je suis tout en haut de la ville, juste vers les maîtres mages! Comme ça, je peux aller chez eux et m'entraîner quand je veux. Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris pourquoi ils m'ont laissé sortir, mais je pense que c'est parce que, comme ils disent, j'ai réussi à leur fausser compagnie. Je sais que j'aurai pas dû, mais j'en avait assez de tout ça! La dernière fois, ils ont mis trois semaines à me retrouver, je m'améliore! Et là je n'aurai plus besoin de partir sans permission, puisque ils m'ont dit que je pouvais faire comme je voulais, quant je voulais. Il paraît que quelqu'un s'occupe de tout pour moi, je n'ai rien à faire, rien à payer; je me demande qui c'est, je ne l'ai jamais vu. J'aimerai bien, des fois, le rencontrer juste pour savoir qui c'est.

J'étais en train de regarder tout ce qu'il y avait dans la chambre, des habits, des livres, des fleurs partout, quant on m'a amené une boîte. Quant j'ai vu ce qu'il y avait dedans, j'ai eu une impression bizarre. C'était... comme si j'avais toujours eu quelque chose comme ça, comme si quelque part, il y avait dans ma tête quelqu'un d'autre qui le reconnaissait. Vraiment bizarre, quand j'y pense, et je n'aime pas y repenser. Trop étrange, c'est vrai! 
Je ne lui ai pas donné de nom, parce que j'avais l'impression qu'il en avait déjà un. Mais par contre il me suit partout! Ah oui, c'ést un très très grand papillon tout blanc, qui brille aux rayons du soleil, et laisse de la poussière étincelante derrière lui! J'y tiens énormément, et je ne sais même pas pourquoi...


Le phalène blanc. Alixxe et moi en avions toujours un chacune, comme une mascotte, un porte bonheur; depuis le premier que nos parents nous avaient offerts il y a une éternité de ça, une longue lignée de ces petits insectes gracieux nous aura accompagné tout le long de nos vies... Ce n'est plus la même lignée, mais qu'il puisse être son ange gardien et la faire revenir à son passé, puisque moi je n'ai pas réussi.

Peut être que sa liberté l'aidera, au final; réapprendre une vie ordinaire, avec des choses familières à ses côtés. Des objets de la vie d'avant, des responsabilités, et puis... la magie. Je me suis arrangée pour la loger près des maîtres mages de la cité, et pour qu'elle suive leur enseignement. Il paraît qu'elle est douée. C'est normal. Elle n'apprend pas: elle va rechercher en elle des connaissances instinctives qu'elle possède déjà. Elle semble épanouie et, enfin, elle sourit et rit constamment; comme si elle souriait et riait pour elle et pour moi en même temps, moi qui ne sourit plus, qui ne connait plus le rire; seul le fait de la voir heureuse et insouciante parvient à réchauffer brièvement mon coeur glacé. 

Parc

World of Warcraft - Culte de la Rive Noire

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